Cameroun juin 2012

POMPIERS ALSACE SOLIDARITE AU CAMEROUN

Le début de l’histoire

Fin 2002, la Ville de Colmar répond positivement à la sollicitation de l’IRCOD pour s’engager sur le long terme aux côtés de Limbé pour agir dans les domaines du renforcement et de l’amélioration de la gouvernance locale.

Une mission conduite début 2007 a été l’occasion pour les élus des deux collectivités d’échanger sur les projets menés jusqu’ici et d’en envisager les perspectives de développement.

A l’occasion d’un séjour en France en octobre 2009, le délégué du gouvernement a rencontré le maire de Colmar. Leurs échanges ont confirmé leur volonté de travailler ensemble au développement touristique de la Ville de Limbé et de sa région. Un nouvel axe d’intervention a émergé, portant sur la création d’un service de sécurité civile (protection des personnes et des biens) ayant compétence sur le territoire de la communauté urbaine de Limbé.

La Ville de Colmar s’est par ailleurs engagée à faire don d’un camion de pompiers dans le cadre de ce projet. Ce véhicule est fourni par le Service Départemental d’Incendie et de Secours du Haut-Rhin.

L’IRCOD sollicite Pompiers Alsace Solidarité pour évaluer les capacités et les conditions de mise en service d’un fourgon pompe tonne à Limbé.  C’est ainsi que le Colonel (e.r.) François MAURER a été missionné sur place du 10 au 17 juin 2012 afin de vérifier la faisabilité de ce projet.

La mission et la SITAC

A mon arrivée à Douala, je suis accueilli par Paulin TCHUENBOU, chargé de mission à l’antenne camerounaise de l’IRCOD. Il m’accompagne durant toute la semaine, s’implique fortement à mes côtés et se passionne pour ce projet de création d’une brigade de lutte contre l’incendie à Limbé. Au point que, si la question se posait aujourd’hui, je n’hésiterais pas à le recruter comme officier …

Les autorités politiques et administratives nous reçoivent très chaleureusement et, très vite, nous font comprendre qu’il ne s’agit pas pour elles d’un projet alibi mais d’une vraie préoccupation quotidienne et qu’elles souhaitent trouver très rapidement une solution à cette situation pénible : il n’y a plus de pompiers à Limbé depuis quelques années.

Les secours en cas d’incendie proviennent d’une unité de sapeurs-pompiers professionnels privés de la raffinerie (SONARA) qui détache un fourgon tri extincteur avec un équipage de 3 hommes sur autorisation exclusive du directeur général qui peut ne pas être immédiatement joignable. L’unité du corps national de sapeurs-pompiers militaires (CNSP) implantée à Douala peut aussi être sollicitée, mais se trouve à bien 1h30 de route !

Il n’y a plus non plus de réseau d’alerte des secours et le n° d’urgence 118 ne répond pas. Les moyens sont mobilisés par une des autorités de la communauté urbaine ou par le préfet quand un particulier qui dispose de leur numéro de téléphone portable les appelle.

L’ambiance en ville est tendue car, deux jours avant notre arrivée, un violent feu venait de ravager un centre commercial. Il avait fallu environ deux heures pour voir arriver les premiers secours.

Les propositions

Il n’y a plus de pompiers à Limbé ? C’est donc qu’il y en a eu ? En effet, un groupe de 10 agents municipaux, répartis en deux équipes, agissait comme des sapeurs-pompiers volontaires. Ils s’étaient organisés pour réceptionner les appels d’urgence, mettre en œuvre l’équipe de garde et intervenir avec un ancien fourgon MAGIRUS DEUTZ en provenance d’Allemagne. Le malheur pour eux a été que ce véhicule est tombé en panne et jugé irréparable et les SP de Limbé se sont ainsi dissous bien malgré eux et à leur grand désespoir.

Mais, ils sont toujours vivants. Certains d’entre eux sont maintenant un peu trop âgés ou leur santé s’est un peu trop dégradée pour reprendre du service mais leur volonté de servir est intacte. Ils partagent les principales valeurs portées par la communauté internationale des sapeurs-pompiers : courage, dévouement, abnégation, conscience professionnelle. A leur contact, on se sent comme avec n’importe que SP ailleurs dans le monde, en confiance et en relation de camaraderie.

Imaginez qu’ils avaient également formé des SP « auxiliaires » dans les quartiers pour leur venir en aide lors des interventions. Ils ont ainsi inventé avant l’heure la notion de réserve de sécurité civile introduite en France par la loi de modernisation de la sécurité civile de 2004 mais qui peine aujourd’hui encore à émerger. C’est remarquable à double titre : cette initiative ouvre de belles perspectives pour envisager des équipes de sapeurs-pompiers volontaires et constitue en même temps une piste de réflexion intéressante sur une forme d’intégration sociale.

Il y a donc un bon noyau pour relancer une équipe opérationnelle, qui devra cependant être renforcée par de nouveaux recrutements. Le CNSP et les SP privés de la SONARA ont donné leur accord pour les former à la lutte contre les feux urbains, au secourisme et à la lutte contre les feux d’hydrocarbures.

Il est également proposé de porter l’effectif à une cinquantaine de SPV en deux ou trois ans en recherchant des vocations dans la population mais il sera nécessaire au préalable de demander au gouvernement de réécrire des textes qui n’existent plus pour définir les modalités d’engagement, de formation, de couverture sociale, d’indemnisation, etc.

Il conviendra d’activer un dispositif de réception des appels et d’alarme des SP.

Il faudra aussi nettement améliorer les ressources en eau car il n’existe aujourd’hui que 4 B.I. sur tout le territoire de la communauté urbaine qui s’étend sur 12 km dans le sens Est-Ouest et 6 km dans le sens Nord-Sud.

La construction d’un centre de secours, même sommaire au départ, pour abriter véhicule et matériel, puis des locaux de vie, constituera également un préalable incontournable.

L’arrivée du FPT alsacien sera le phénomène déclencheur de toutes ces actions. Il est attendu avec impatience et enthousiasme par tous, c’est certain.

L’aboutissement de ce projet me tient à cœur. Je tiens à remercier la Ville de Colmar, le SDIS 68, l’IRCOD et P.A.S. pour leur engagement sur ce premier objectif car, au-delà, l’ambition sera de prendre en compte d’autres missions : secours routier, secours aux noyés, prévention, planification d’urgence, et bien d’autres encore avec comme perspective de donner à Limbé des atouts pour son développement touristique, économique et industriel en mettant en avant une bonne et convaincante couverture des risques.

Pour conclure, j’envoie un clin d’œil amical et complice à mon compère et désormais ami Paulin qui m’a fait découvrir et aimer le Cameroun !

Colonel (e.r.) François MAURER

Feu de centre commercial                                                                                                                                                          Etat de l'ancien   TLF